Le projet d’embellir la ville de Leh rebondit et s’étale dans le temps…
Depuis 2013, la capitale du Ladakh arbore sur de grands panneaux 4×3, le projet d’une ville embellie… Tout le monde espérait les belles rues piétonnes et pavées pour le grand événement du Kalachakra en 2014… mais il aura fallu attendre la venue du Dalaï Lama en 2016 pour voir les travailleurs finir en un tour de main, la pose des pavés de ce Main Market rendu aux piétons ! Quelle mouche les avait donc piqués pour qu’ils se mettent à travailler si vite ? Sans doute celle de la colère des habitants de Leh, lassés de l’enlaidissement de leur ville et des nuisances collatérales causées par ces travaux « d’embellissement ».
Le problème est en réalité un problème d’anticipation de plusieurs facteurs : le premier concerne la ou plutôt LES natures des travaux car, voyant le bazar ravagé, on s’est dit qu’il serait peut être judicieux d’envisager de profiter de ce « bazar » justement pour installer le tout à l’égout et l’eau courante… Mais pour que les tuyaux d’eau ne gèlent pas l’hiver, il fallait les enterrer encore plus profondément… La saison des travaux ne durant que de avril à octobre, les retards se sont cumulés et il aura fallu 3 ans au lieu d’1 année annoncée au départ, pour venir à bout de ce main Market… et encore !
Autre problème, le nombre de touristes (domestiques en l’occurrence) a considérablement augmentė ces mêmes dernières années, doublant voire triplant la population de Leh sur cette période de travaux : de mai à septembre. Difficile de travailler quand des personnes circulent sans cesse sur un lieu en reconstruction. Pourtant, forts de ce succès de « l’embellissement » de main market, les autorités ont décidé une grande campagne de travaux : le traitement des eaux usées de toutes les rues, leur approvisionnement en eau courante et, tant qu’on y est, l’enfouissement de la fibre optique et des lignes téléphoniques ! Une belle ambition très mal coordonnée car les rues ont été creusées 2 à 3 fois, restant, entre deux vagues de travaux, dans un état apocalyptique et causant, outre les problèmes évidents de circulation, de graves coupures des réseaux de communication. Ainsi, en cet été 2017, les rues de Housing Colony, Murtqsey Colony, Upper Tukcha, Old road et Fort road sont enfin terminées mais cette année, le travail sur Changspa, l’une des rues les plus touristiques de la ville, viennent de commencer, la laissant durant toute cette saison dans le chaos le plus total ! Les autres rues sont en projet et les riverains, acteurs du tourisme et touristes espèrent qu’ils seront à l’avenir mieux coordonnés c’est à dire que les autorités prendront en compte, dans leur planification, la gestion des nuisances au-delà des seules contraintes climatiques.
Leh doit aussi faire face à l’augmentation du trafic, tant privé que liė aux activités touristiques et cherche des solutions : entre les tracés des rues (et la démolition de certains bâtiments pour construire de nouveaux tronçons), la question des sens uniques ou des double sens, le rétrécissement des voies pour éviter le stationnement sauvage, la gestion des espaces de parkings (gratuits ou payants ? Réservés aux taxis ou aux véhicules privés?)… les discussions vont bon train ! Actuellement, la ville s’est dotée de 4 grands parkings payants dont l’historique Polo ground qui a perdu son utilité festive les jours ordinaires.
Pour garer les voitures privées plus près du centre ville, on songe à déplacer les taxis en périphérie : ils ne feraient plus que déposer leurs clients sur Leh et repartiraient ensuite loin du centre. Mais les autorités envisagent d’autres idées tout à fait modernes, qui pourraient voir le jour rapidement : des parkings de périphérie et des navettes gratuites vers le centre ville.. et qui sait, peut être bien qu’ils envisageront des véhicules électriques pour cet usage ?
Leh qui, actuellement, figure au palmarès des 100 villes les plus propres d’Inde pourrait peut être arriver au top, après ce cahot de « beautification », des villes à la circulation la mieux gérée ? Un titre que Delhi lui envierait certainement, s’il existait !