Les exilés du Coronavirus

Se confiner ? Oui, mais où ?

Au terme de la trêve hivernale de 3 mois, les élèves ladakhis ont repris le chemin de l’école : ils sont revenus de leurs villages, souvent reculés, grâce aux hélicoptères affrétés par l’armée, en marchant, sur la rivière gelée (praticable un mois durant entre janvier et février) ou en traversant les hauts cols qui n’étaient pas bloqués par la neige. Il faut s’imaginer cette transhumance de plusieurs jours, plusieurs semaines parfois, ce retour si difficile vers les bancs de l’école pour comprendre le choc qui allait s’abattre sur eux, une semaine plus tard, alors que leurs parents n’avaient pas attendu pour repartir :

« alerte au coronavirus : toutes les écoles et internats sont fermés pour au moins un mois !».

A cette annonce, il ne s’agit pas de refermer son cartable et de rentrer chez soi, non : il faut savoir où aller ?!

Si nombre d’entre eux, les plus jeunes surtout, ont trouvé refuge chez des amis ou dans la famille, plusieurs centaines sont restés sans logis, alors que les températures sont encore largement négatives, en ce tout début de mois de mars…

Que faire ? Des hélicoptères ont été demandés à l’armée pour permettre à ces jeunes de retourner dans leurs familles, au Zanskar, dans la Nubra ou au Changtang mais la requête n’a pu aboutir.

en route pour le Senge-la

Bloqués par la neige

 

Rentrer chez-soi, coûte que coûte !

Tous ces jeunes n’ont pas eu d’autre choix que de tenter leur chance par la route : grâce aux bus d’abord, ils se sont rapprochés du col. Mais face aux murs de neiges qui bloquaient la route, ils ont dû se résoudre à continuer à pied, franchir le col Senge-La, l’un des fameux cols du « trek du zanskar » en saison estivale, à 4950m d’altitude, par des températures encore hivernales de -25 à -30°C ! Et poursuivre ainsi pendant 2, 3 jours ou plus ! De jeunes aventuriers dont les plus jeunes n’avaient pas 10 ans ! Quelle expédition !

Comment ne pas s’incliner devant un tel courage, tant de débrouillardise et de persévérance face à une nature toute puissante ? Et comment ne pas s’interroger sur les lacunes des dispositifs gouvernementaux qui n’ont pas assez mesuré ou anticipé les conséquences de leurs décisions ? Nos confinements, à l’abri et assurés, pour la plupart, semblent bien confortables face à ces enfants qui ensemble, affrontent les éléments pour « tout simplement », rentrer chez eux !

 

Montée vers le col Senge-La (4950m)

 

(source : Saswa Ladakh :Singe-la Area Students Welfare Association : l’association de protection des étudiants de la région du Senge-La (Ladakh))

4 Comments - Write a Comment

  1. Chapeau bas! Respect devant leur courage…

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    Merci Céline, je suis au courant.
    Bien amicalement.
    Jean

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  3. Waow quel courage , quelle persévérance…et pendant ce temps nous nous plaignons de ne pas avoir assez fe nouilles et de pq….

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  4. JE SUIS JUSTE IMPRESSIONNE ET SIDERE – GRAND COURAGE à eux et qu’ils profitent d’un temps clément ÖM !

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