Être un voyageur responsable au Ladakh, c’est comprendre avant tout que sous des apparences parfois luxueuses et en tous cas plus modernes que ce que l’on aurait pu imaginer, le Ladakh reste une terre du toit du monde sans eau courante ni tout à l’égout, sans chauffage ni usine de traitement des déchets, sans frigo sauf pour rafraichir les boissons et bien souvent encore, sans électricité. Et cependant, ce peuple fier vous offrira des toilettes de plus en plus « classe », des douches chaudes, toutes sortes de denrées même les plus improbables et vous ne verrez pas que derrière ce luxe, se cachent des catastrophes écologiques… Par certains choix, le voyageur peut réduire son impact.
Vous trouverez ci-dessous une « lettre aux voyageurs » qui a été écrite conjointement avec des ONG locales, l’association locale des agents de voyage et les réflexions des ladakhi eux-mêmes.
Concernant L’EAU POTABLE
A Leh comme en trek, préférez l’eau bouillie (dont vous remplirez vos gourdes) à l’eau minérale en bouteille, et ceci pour deux raisons essentielles :
- Le transport des bouteilles plastiques se fait par camion à travers les routes longues et dangereuses de l’Himalaya, ce qui nécessite de grosses ressources pétrolières uniquement pour cette consommation.
- Que faire des bouteilles vides ?… (Il n’y a ici aucune structure de recyclage)
Où trouver cette eau bouillie (refroidie) ?
- En trek, votre guide en fera bouillir à chaque étape.
- A Leh, vous trouverez de l’eau bouillie sous pression à la boutique Dzomsa (cf. plan)
Concernant L’EAU CHAUDE ET L’EAU COURANTE
Dans votre hôtel, vous aurez certainement l’eau courante et même l’eau chaude !
- Réduisez autant que possible votre consommation : ne prenez pas de douches longues (préférez les bassines d’eau avec un gant de toilette)
- Utilisez, si possible, vos eaux de lavage pour les toilettes et n’évacuez pas chaque pipi avec toute la capacité de la chasse d’eau.
L’eau n’est pas vraiment « courante » :
Elle est soit livrée dans des citernes qui se trouvent sur le toit du bâtiment, soit fournie par un forage privé et non géré qui la puise dans des nappes phréatiques souvent fermées (non régénérées), c’est à dire dans les réserves d’eau souterraines du Ladakh.
L’eau est rare !
Vous êtes dans un désert d’altitude ! Celle qui vous est fournie n’est pas l’eau que vous voyez courir dans les fleuves et qui s’en va irriguer les plaines de l’Inde… Mais alors, d’où vient « toute » cette eau ?
- des glaciers. C’est à dire qu’elle doit aussi irriguer les champs… Mais les glaciers fondent à vue d’œil : leur durée de vie est estimée aujourd’hui à moins de 15 ans. Cette eau ne sera plus là très longtemps…
- des nappes phréatiques, c’est à dire des réserves d’eau du Ladakh ! Elles sont rares et entamées et leur régénération est quasiment impossible car au Ladakh, il ne pleut pas plus de 50 mm par an.
La population locale, elle, va chercher l’eau à la rivière, aux pompes, au camion ou auprès de ces forçats de l’eau qui remplissent et transportent toute la journée des bidons de 500 litres à travers la ville. Ils l’utilisent et réutilisent avec parcimonie. Par respect pour eux, n’abusez pas de leurs ressources…
Pour chauffer l’eau,
il faut de l’énergie. Les chauffe-eau solaires sont de plus en plus fréquents mais encore minoritaires. Il faut les plébisciter. Lorsque cette énergie renouvelable et propre n’est pas utilisée, l’eau est chauffée grâce au kérosène, au gaz, au bois (ou autres ordures) ou à l’électricité. OR,
- Le kérosène et le gaz viennent de Delhi par camion, ce qui utilise encore des ressources pétrolières.
- Le bois est rare. Les ladakhis en ont besoin pour se chauffer modestement durant le long hiver ou pour construire leurs charpentes. Quant-aux ordures que l’on fait bruler pour remplacer le bois, leur combustion est très polluante.
- les ressources en électricité sont limitées et les besoins de plus en plus grands, ne serait-ce que pour l’éclairage…
Concernant LES EAUX USÉES et les TOILETTES
Au Ladakh, il n’y a absolument aucune collecte des eaux usées.
Les villageois utilisent l’eau des rivières pour boire et cuisiner.
Donc, s’il vous plait :
Préférez l’usage des toilettes sèches aux toilettes humides ou limitez l’utilisation de la chasse d’eau :
- les eaux usées s’infiltrent ou ruissèlent en direction des cours d’eau. Dans tous les cas, elles les polluent.
- Lorsque les excréments sont secs, on peut en faire du compost
- contrairement aux apparences, les toilettes sèches sont ici plus saines car les bactéries se développent en milieu humide.
S’il n’y a pas de toilettes sèches, en trek :
- Allez à plus de 300m de toute source ou rivière.
- Utilisez le trou dans la tente ”toilette” que votre guide aura creusé pour vous et rebouchera après votre départ, pour éviter la dispersion
- Et pensez à brûler votre papier toilette pour qu’il ne décore pas les champs
Les eaux usées
- Ne vous lavez pas et ne lavez pas vos vêtements avec du savon chimique, même si vous voyez la population locale le faire : montrez leur l’exemple. Encore une fois les eaux usées se mêlent aux cours d’eau qui sont souvent utilisés pour les besoins des populations locales en eau potable.
- N’allez pas aux toilettes près des rivières.
LES DÉCHETS
Ils constituent un problème majeur au Ladakh car il n’y a aucune usine de traitement. La plupart des déchets sont accumulés dans des décharges à ciel ouvert ou brûlés sur place ! Soyez vigilants et :
- Évitez l’usage des bouteilles plastiques en remplissant vos gourdes d’eau bouillie.
- Évitez les emballages en portions individuelles, en particulier en trek. Signalez les excès à votre agence.
- Ne cassez pas les bouteilles en verre dans les rivières, cela blesse les animaux.
- Rapportez tout ce que vous pouvez, en particulier les piles !
LES TRANSPORTS
Regardez toutes ces voitures !!! Elles sont bruyantes et polluantes ! Elles viennent de loin uniquement pour vous servir. Donc ne les utilisez que lorsque c’est nécessaire, évitez les « jeep safari » (le plaisir de faire des kilomètres en voiture pour voir un maximum de choses : la quantité nuit à la quantité) et préférez :
- La marche
- Le vélo
- Les transports publics : vous y trouverez plus de dépaysement et vous pourrez rencontrer la population locale !
LES « CADEAUX »
Quand vous êtes en trek, ne distribuez pas de bonbons , de chocolats ou des cadeaux aux enfants car :
- cela encourage la mendicité
- Il n’y a pas de dentistes, les villageois n’ont pas accès à l’hôpital. Vous pouvez donc faire plus de mal que de bien avec ces petits cadeaux.